Saint Jean Baptiste , Saint Elie , saint Herbot ,Saint Edern ,saint Théleau, saint Hernin et Merlin : le mythe de l' homme sauvage et la christianisation de  Cernunnos (divinité liée au monde souterrain et au rythme saisonnier de la fertilité de la nature )

CERNUNNOS,( le Dionysos celtique)


La feuille est le symbole de saint Jean Baptiste  (l'homme sauvage)   L'origine du nom de La Feuillée vient d' un verset de l'Évangile selon Saint Mathieu 3,4

  Et lui, Jean, avait un vêtement de poil de chameau, et autour de ses reins une ceinture de peau, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage." Il dit : "C'est Elie le Tishbite!" Saint Mathieu 3,4 ( ELIE est le saint patron du prieuré de l' Ordre des Carmes de Saint Herbot , village tout proche de La Feuillée)

Et ils lui répondirent : "C'était un homme avec une toison et un pagne de peau autour des reins." Il dit : "C'est Elie le Tishbite!" Saint Mathieu 3,4

 L'aspect ascétique est indéniable ; l'habit du prophète Élie évoque celui que portera plus tard Jean-Baptiste, et ce costume insolite le faisait reconnaître à coup sûr.

Élie est plus encore un solitaire qu'un ascète. Il ne paraît pas rattaché à une confrérie de prophètes. On le voit rarement dans les cités; il n'y vient que poussé par l'Esprit, pour reprendre les rois. Il préfère la retraite, les défilés sauvages du torrent de Kerith, le Carmel, le désert de Juda, le mont Horeb avec ses grottes. Il sera seul contre 850 "prophètes" païens, seul à l'Horeb pour rencontrer Dieu ; de son vivant il ne se déchargera d'aucune mission sur Élisée (2 R 1), et jusqu'à la fin il cherchera la solitude. (2 R 2,2.4-6.) (1)

Le prophète Elie est le saint patron de l'ordre mendiant  des Carmes qui est le fondateur du prieuré et de la chapelle de Saint Herbot vers 1270 .Il a été créé comme l'ordre de Saint Jean de Jérusalem en Palestine lors des Croisades  

Cette représentation  de l'Évangile correspond exactement à celle d'un homme sauvage vivant dans une nature vierge .Tel était ce pays dans ce XIIème siècle où survivaient des sauvages, des païens miséreux dans des bois ,des landes et des marais lors de l' implantation de la Commanderie de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem , propriétaire de ce fief jusqu'à la Révolution-française. Ces moines soldats du Christ ont donné le nom à cette nouvelle paroisse qui faisait  alors partie du territoire de Berrien ,La Feuillée  (An Folled (en 1160), La Feillee (en 1433) et Feillee (en 1535).

 Le feuillage était à l' origine un symbole du culte païen  de la nature lié à Dionysos. Il fut facile de substituer Dionysos , le dieu de la nature sauvage et des pulsions humaines à l'image de Saint Jean Baptiste que nous donne l' Evangile.

 

  La feuillée ,c'était  une loge de Feuillade  dans laquelle on déposait une chasse contenant des exvotos à la Vierge, lors du mois de mai au Moyen-âge. Le feuillu est l'image de la nature sauvage régénérée des nouveaux beaux jours , lié aux notions de fertilité/fécondation qui sont les attributs de la Vierge. La saint Jean Baptiste est fêté au plus fort de l' épanouissement  des feuillages et de la nature, au solstice d'été , le 24 juin  vu qu' il a été conçu 6 mois avant Jésus , il est l'annonciateur de la venu du Messie comme est la Vierge .La " Noël d’été" évoque également ce verset de l’Evangile de Jean : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30) .Sa mort  ( décapité au fond d'une prison dans les profondeurs de la terre en opposition avec la crucifixion de Jésus sur une montagne) est fêté célébrée le 29 août .(la date dans la tradition rurale de la fin des moissons, le blé a été tout coupé .)

La feuille d'érable est aussi le symbole du Canada

 .La Fête nationale du Québec est aussi le 24 juin, la Saint-Jean-Baptiste est aussi le saint patron du Québec.( La feuille est le symbole de saint Jean Baptiste ). Ce  choix vient aussi comme pour le village de La Feuillée  de la représentation  symbolique faite par l' Église catholique des premiers habitants de la Nouvelle France qui se référait à ce verset de l'Évangile selon Saint Mathieu 3,4  .

Le Prophète Malachie prédit la mission de saint Jean-Baptiste : Je vais vous envoyer mon ange qui préparera ma voie devant ma face, et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez. Voici, je vous enverrai Élie, le prophète et avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Malachie 4,5

l'Ange avait prédit à Zacharie au sujet du fils qui allait lui naître Jean-Baptiste  : "Il précédera le Seigneur avec l'esprit et la puissance d'Élie pour ramener les cœurs des pères vers leurs enfants et les rebelles à la sagesse des justes" (Lc 1,17).

Mc 9:11-

Et ils lui posaient cette question : " Pourquoi les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? "

Mc 9:12-

Il leur dit : " Oui, Élie doit venir d'abord et tout remettre en ordre. Et comment est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit beaucoup souffrir et être méprisé ?

Mc 9:13-

Mais je vous le dis : Élie est bien déjà venu et ils l'ont traité à leur guise, comme il est écrit de lui. "

Le mythe de Merlin l'homme sauvage)

COLLECTION PERSONNELLE

L' église Saint-Jean-Baptiste  de La feuillée

L' église Saint-Jean-Baptiste  de La feuillée     l' église et La chapelle  de saint Houardon

Vue du bourg de la  FeuilléeVue du bourg de la  Feuillée

 

Le saint Jean Baptiste (Bacchus-Dionysos) de l' atelier de Leonard De Vinci du musée du Louvre.

site du Louvre

D'abord désigné dans les inventaires royaux comme Saint Jean au désert, puis à la fin du XVIIe siècle, peut-être à la suite d'une restauration, comme Bacchus dans un paysage, le tableau témoigne du même syncrétisme que le Saint Jean-Baptiste en demi-figure. Le doigt levé vers un signe divin et le cerf couché sont des symboles chrétiens ; le thyrse, la couronne de vigne ou de lierre, la grappe de raisin et la peau de panthère sont des attributs bachiques. 

Saint Jean Précurseur (XIII siècle) 

 Son baton porte la croix de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem

. Dans ce petit tableau on aperçoit, de chaque côté du saint, un arbuste revêtu de jeunes pousses. Ce n'est pas sans intention que le peintre les a placées là, car elles peuvent passer pour une des caractéristiques de saint Jean-Baptiste. Elles rappellent sa vie au désert, et surtout sa nourriture, qui se composait, au dire de plusieurs commentateurs, non pas seulement de sauterelles ( akrideV ) mais de la tendre et flexible extrémité d'une certaine espèce d'arbustes, et d'herbes même, dont la nom se rend par le même mot

Le pardon de Saint Jean Baptiste en 1913

collection Michel Penvencollection Michel Penven

Dans l’iconographie, saint Jean-Baptiste porte un manteau « à poil de chameau » ou une peau de mouton, son attribut distinctif qui lui donne un aspect bien reconnaissable. Il souvent porte un bâton avec un agneau (symbole du Christ). Il est parfois représenté à la manière d’un ange, avec des ailes en lien avec le verset biblique : « Voici, j’envoie mon messager (en grec, angelos, en français, ange) en avant de toi » (Mc 1,2).

collection personnelle

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 Le sceau de Jean De Quelen

cette famille noble du Poher ,seigneur de Duault- Locarn, descendant des premiers rois de Bretagne ,c'est aussi ce même mythe d'éternité .Leur devise ( e peb amzer Quelen (traduction habituelle :en tout temps Quelen ou il y aura toujours des Quelen) (autre traduction – Kelen signifiant houx en breton : en tout temps il y a du houx ou le houx est toujours vert). Les deux hommes sauvages et l'arbre vert(le houx est toujours vert toute l'année comme l' if , symbole de l'éternité) sont ici les représentations symboliques de dioscures de Dionysos  ici ,saint Jean Baptiste et saint Hern , le saint  patron ermite de Locarn et de la devise des Quelen. Ce blason date plus d'un siècle avant ce nous conte la légende collectée par Anatole Le Braz de la construction  de la chapelle des seigneurs de Quelen de Duault- Locarn.

 

La légende de Saint Hern (Autres graphies : Hernin, Hertin, Harn, Carn ou Carné)

Anatole Le Braz: Les Saints bretons d'après la tradition populaire en Cornouaille (1894) réédité  chez Robert Laffont, collection Bouquins, 1994 T.I p. 930

Saint Hern (ou Hernin) débarqua d'Ecosse au Vème siècle et établit son premier ermitage (,au pied du chaos du Corong, aujourd'hui sur la commune de saint Nicodème  un saint patron des bêtes à  cornes en Bretagne comme saint Herbot ) Loc-Harn, paroisse de Duault-Quelen, dans les circonstances que la mémoire  du pays relate ainsi :Les gens de Loc-Harn, à cette époque, étaient de vrais sauvages, des loups des bois, et ne connaissaient d'autre métier que celui de sabotier ou celui de bûcheron. Ils vivaient disséminés par familles dans l'épaisseur des fourrés. Jamais ils n'avaient entendu le son d'une cloche. Hors, saint Hernin en avait emporté une, énorme, de  l'Hibernie, sa patrie d'origine. Il l'avait suspendue entre deux arbres sur une éminence où il avait coutume d'aller faire la sieste et d'aller réciter ses oraisons. Au joug de la cloche était adapté un levier, une espèce de timon (eur vrê) à l'aide duquel il l'a mettait en branle. Tout le jour, et même la nuit, il la faisait sonner, sans doute pour répandre au loin le nom et la gloire du sauveur, probablement aussi pour inviter les gens de la région à se venir joindre à ses prières. Mais ceux-ci, au lieu de se rapprocher, s'enfuyaient, épouvantés par le vacarme de ce carillon( .

Bientôt oneut sût trouver un être humain à deux lieues de la ronde."- Je ne réussirai jamais à apprivoiser des créatures aussi étranges, se dit le bon saint. Essayons si je ne serai pas heureux dans les montagnes d'en face (comme le fit aussi saint Herbot en quittant  Huelgoat) ."Et il se mit en route vers le Sud, laissant sur les hauteurs de Loc-Harn la cloche qui lui avait si mal servie. C'est alors qu'on le vit arriver, en costume de mendiant et, dans la main, un bâton magique. Il y avait en ce temps-là, au château de Quelen, un riche et puissant seigneur, grand chasseur devant Dieu, et qui avait la plus belle meute qu'il fût possible de voir. Il ne faisait pas bon rôder sur ses terres, à cause des ses chiens qu'on laissait le plus souvent en liberté et dont la férocité s'accommodait aussi bien de la chair de l'homme que de celle du fauve. C'est dire que les mendiants ne s'aventuraient guère aux abords de Quelen. Saint Hern, lui, s'y achemina tout droit par la grande avenue."- Malheureux ! lui cria un laquais, d'une des fenêtres du manoir, vous voulez donc vous faire écharper !" Déjà les molosses se précipitaient sur l'intru pour le mettre en pièces. Et le seigneur, accourut avec ses gens sur le seuil de la porte, disait "- Voilà un pauvre homme dont il ne restera dans un instant pas le plus petit morceau de tripes".Mais le seigneur se trompait en parlant ainsi. Non seulement les chiens ne firent pas de mal au pauvre homme, mais ils se mirent au contraire à lui faire des joies,bondissant autour de lui, avec des aboiements d'aise et léchant ses haillons. Et le bon saint leur disait de sa voix douce :"- Pas tant de bruits, mes amis ! Pas tant de bruits !"Les gens du château demeuraient saisis de stupeur. Le seigneur descendit du perron et s'avança au-devant de l'hôte qui venait d'opérer un tel miracle."- Je ne sais qui tu es, lui dit-il, mais il faut, pour que mes chiens t'aient respecté, qu'un pouvoir singulier soit en toi. Parle maintenant et apprend-nous comment tu a pu venir à bout de leur férocité.""- Je suis l'ami des bêtes, aussi bien que des hommes, répondit le saint. Tes chiens ont flairé mon bâton, et ils ont vu que ce n'était point celui d'un malfaiteur."Le seigneur reprit :"- Puisque c'est ainsi, soit donc le bienvenu. Reste demeurer au milieu de nous. Je te donne autant de terre que tu en pourras enclore de fossés en un jour."( le même mythe des légendes de saint Fiacresaint Eden et saint Thélo) . Le saint remercia, et, le lendemain, à la première aube, les gens du château le virent qui marchait à travers champs, traînant derrière lui son bâton, et le bâton s' enfoncer dans les glèbes ainsi qu'un coutre de charrue, et, à mesure, un talus s'élevait tout planté d'arbres et fleuri d'ajoncs

Marie-Jeanne Urvoas, la vieille mendiante de qui nous tenons ce récit, ajoutait d'un ton moitié plaisant, moitié sérieux :"- Quel dommage que saint Hern ne nous aient point légué son bâton, à nous autres, les pauvres chercheurs de pain !"Grâce à lui, il avait de tout en abondance. En quelques lieux qu'il fût, dés que la faim ou la soif le prenait, il n'avait qu'à planter en terre sa trique de bois (penn-baz)pour qu'aussitôt elle se mit à pousser des branches, au bout desquelles pendait les plus beaux fruits et les plus savoureux. En ce temps-là, il faisait bon être saint.

Après sa mort, en 540, on enterra saint Hern sur le lieu même de son ermitage. Les siècles passèrent, et la vieille tombe fût oubliée… Jusqu'au jour vers la fin du XVèmesiècle, d'une grande partie de chasse organisée par le seigneur de Quelen qui le fît poursuivre un cerf de belle taille. En fin de journée, épuisé, le cerf se réfugia au flan des coteaux près d'une fontaine, et là, plus aucun chien,cheval, ou homme ne put s'en approcher. On s'interrogea sur la raison de ce miracle.( le même mythe de la tombe de saint Denis et le cerf de Dagobert ).On découvrit que ce lieu était celui de la tombe de saint hern protecteur des bêtes et des hommes. C'est ainsi que l'église de Locarn fût bâtie au XVIème siècle et son maître autel érigé à l'endroit exacte de la sépulture du saint,désormais protecteur des paroissiens et de la famille de Quelen. Son "Pardon" est célébré tous les 1er dimanche de mai

Refrain du cantique en honneur de saint Hern

Zant Hern, skuilhet,

O ni ho ped

Skuilhet war-n-omp ho pennoz

Deuz an Envou,

War ho roudou,

Hon renet d'ar Baradoz.

Saint Hern,

Saint Hern, répands,

Ô nous t'en prions,

Répands sur nous ta bénédiction,

Depuis les Cieux,

Sur tes traces,

Conduis-nous au Paradis