L'oppidum du camp d'Artus était une capitale gauloise

Huelgoat, la première ville finistérienne.

.Surplombant Huelgoat du haut d'un plateau balayé par les vents et difficile d'accès, il se dégage toujours une atmosphère étrange et mélancolique du camp d'Artus. Au-delà de la légende qui attribue la construction de cette énorme muraille au roi Arthur, ce site se distingue par le fait qu'il est le seul «oppidum» connu de la tri­bu gauloise des Osismes. C'est donc en quelque sorte, la première «ville» construite dans le Finistère. Un important centre de pouvoir économique et peut-être politique, qui fut abandonné après la conquête romaine pour la ville de Carhaix. A l'occasion de notre rubrique patrimoine, nous vous proposons une plongée dans la première civilisation celtique d'Armorique en compagnie de Patrick Maguer, spécialiste des fortifications gauloises qu'il a recensé dans les Côtes-d'Armor, le Finistère et le Morbihan.  

Alors qu'aujourd'hui, le camp d'Artus ne présente plus que le charme désolé d'un vaste plateau désert planté d'énormes blocs de granit, à l'époque gauloise il devait offrir un spectacle imposant au voyageur. Une immense muraille avec un parement de pierre de 2,6 kms de long entourait ce si­te de 35 hectares qui comportait des habitations et des ateliers artisanaux. S'il est un des plus gros oppidum de la région, le camp d'Artus reste cependant modeste de plusieurs centaines d'hectares comme au Mont Beuvray en Bourgogne, à Avaricum (Bourges) ou à Alésia».

Une porte monumentale

Lecamp d'Artus se divise en deux parties. La première très étendue couvre une trentaine d'hectares. La seconde, considérée comme le cœur du site occupe 4 hectares et a été en partie fouillée par l'anglais Wheeler en 1938. Un rempart le protégeait de l'extérieur et le séparait du reste du site. On y accédait par une porte monumentale. «Les fouilles de Wheeler ont permis de connaître cette entrée, explique Patrick Maguer, archéologue à l'Afan. Il y avait probablement deux tours en bois sur les côtés et une galerie fortifiée au dessus du passage». Près de la porte, on trouve une éminence circulaire longtemps considérée comme une motte castrale du Moyen-Age. «Mais il pourrait s'agir de la base d'une tour gauloise». Enfin les sondages effectués par Wheeler ont permis de découvrir l'existence d'un important bâtiment circulaire à l'intérieur de cette partie de l'oppidum.

Des tonnes de bois et de fer

Huelgoat est un des plus im­portants exemples en Bretagne de «murus Gallicus", ce mur gaulois dont parle César dans sa Guerre des Gaules. «Les Gaulois construisaient ces remparts avec des remblais de terre calés par des poutres de bois elles-mêmes croisées entre elles et fixées avec des fiches de fer. Sur la face extérieure de la muraille, ils élevaient un parement de pierre». Un rempart de pierres et de bois d'une hauteur spectaculaire puisque dans le cas du camp d'Artus, la muraille atteignait jusqu'à 3,5 m de hauteur pour une largeur maxi­male de 12 m. «Ces fortifications ont causé de nombreux problèmes aux Romains. Elles résistaient aux béliers et aux catapultes car la terre amortie'"les chocs». Par contre, on s'interroge sur l'utilité des poutres de bois. «Dans le cas d'Huelgoat, cela a nécessité des tonnes de fer pour les fiches et une masse considérable de bois, quasiment une forêt". Une construction qui suppose une organisation humaine importante. «Pour faire ça, il faut un maître d'oeuvre, des chefs d'équipe, des bûcherons, des forgerons et beaucoup de terroyeurs. Le site a du être construit pendant l'hiver, après les travaux agricoles».

Un Centre économique

une débauche de moyens qui témoigne de l'importance du site pour les Osismes. "Pour construire cet oppidum, il a fallu une mobilisation générale des Osismes, 11 devait être bien plus qu'un refuge temporaire". Pour Patrick Maguer, il pourrait s'agir «de la capitale des Osismes, une sorte de centre urbain où vivaient sans doute un ou plusieurs milliers de personnes»'. Une «proto-ville» qui était un centre politique. "Contrairement à d'autres tribus gauloises, les Osismes n'étaient pas dirigés par un roi mais par un sé­nat, une assemblée de puissants aristocrates». S'il est possible que Huelgoat ait pu être le ou un des lieux de rassemblement de cette assemblée, la question que ce posent encore les archéologues est de savoir où se trouvaient le centre du pouvoir politique : dans l'oppidum ou dans les forteresses aristocratiques comme celle de Paule.

Société guerrière

La société gauloise est en effet dominée par une aristocratie guerrière dont une des forteresses est actuellement fouillée à Paule (voir Poher hebdo n°17B. Une noblesse puissante économiquement et dont les troupeaux de bovins  semblent avoir constitué un des signes essentiels de richesse. «Leurs vaches étaient beaucoup plus petites qu'aujourd'hui. Elles devaient ressembler aux pies noires». Elles étaient aussi un enjeu très important. «Les guerriers gaulois pratiquaient plus le vol et les razzias que la guerre organisée. Ils devaient se voler leurs troupeaux les uns aux autres au cours de ces expéditions». Et autant tordre le coup a certains clichés montrant les guerriers gaulois sur de magnifiques étalons. "On a retrouvé récemment le squelette de leurs chevaux dans la Sarthe ils étaient si petits, que les pieds du cavalier touchaient presque terre. Ce ne devait pas être très confortable lorsque l'animal était au galop!».

Frappe de monnaies

Bien qu'on en ait peu retrouvé sur le site, Huelgoat a aussi pu être le lieu de fabrication des monnaies osismes. On connaît peu le rôle de ces pièces qui apparais­sent tardivement dans la société gauloise. «Il y avait une très faible masse monétaire. Peut-être servaient-elles pour les échanges économiques avec le monde extérieur et particulièrement les marchands romains. Elles pouvaient aussi avoir un rôle de prestige. Il devait y avoir des rites de distribution de monnaies par les chefs les plus puissants qui montraient ain­si leur richesse». Si elles n'ont sans doute pas un rôle économique très important, les pièces gauloises se distinguent par la beauté de leurs décors. «Une face est inspirée des monnaies grecques avec le visage de Philippe de macédoine très éclaté. Sur l'autre face, on trouve, chez les Osismes, un motif de cheval à tète humaine. Le dessin est très stylisé, éclaté et très en courbe qui dé­note un fort goût pour l'abstraction». D'autre part, le camp d'Artus se trouve à proximité de mines d'argent qui devaient être déjà exploitées à l'époque gauloise. Mais faute de recherches, les relations entre l'oppidum et les mines sont encore mal connues

Un centre artisanal

Si celte aristocratie gauloise a un rôle prépondérant chez les Osismes, il est possible qu'une sorte de "bourgeoisie» composée d'artisans était en train d'émerger au moment de la conquête romaine comme c'était le cas dans d'autres tribues gauloises. Une classe d'artisans qui va prendre un role considérable dans la société gallo-romaine et qui devait déjà être très présente à Huelgoat comme dans les autres oppidums gaulois. «Même si c'est une hypothèse en raison de l'absence de fouilles à grande échelle sur le si­te, on peut imaginer de nombreux ateliers et habitations dans le camp d'Artus. Une sorte de ville. Dans d'autres oppidums, on a re­trouvé un système de rues, des axes de circulation et aussi des espaces de réserves, des greniers pour stocke! la nourriture.». Professions indispensables, les forgerons, les charpentiers, les potiers avaient un rôle économique important. Les potiers armoricain sont d’ailleurs leurs particularités. Les céramiques  armoricaines sont les plus belles de la Gaule. Elles ont des décors plus soignés. On trouve parfois des décors graphités et aussi des motifs estampés», Des poteries indispensables à la vie de tous les jours et qui se distinguent par leur couleur sombre due au manque d'oxygène et au goudron organique dégagé pendant la cuisson.

Et les druides...

Difficile d'imaginer une telle concentration de population sans présence religieuse et notamment celle des druides. «On sait que le druide avait une position très haute dans la société et qu'il avait un très grand rôle politique. D'ailleurs les Romains vont supprimer les druides après la conquête alors qu'ils tolèrent les dieux gaulois». On connaît peu de choses sur ce clergé. En Bretagne, on a encore peu fouillé de sanctuaires, «On sait qu'il y avait des puits votifs où on lançait des offrandes et beaucoup de sources sacrées, dont probablement une à Paule. On a aussi retrouvé des armes pliées dans des tombes. On sait enfin qu'il y avait un important centre religieux avec des prêtresses sur l'île de Sein». En revanche, faute de textes, on ne connaît pratique­ment rien des rituels et de la théologie druidique. L'archéologie nous enseigne que cette religion devait être parfois violente comme en témoigne l'important sanctuaire de Gournay-sur-Aronde dans le Nord de la France. «On a retrouvé des pyramides d'os, de crânes et des poteaux avec des squelettes attachés dessus». Des pratiques assez éloignées de l'image «new-age» qu'on attribue parfois aux druides.

Des fouilles dans l ‘avenir

Carsi on connaît de mieux en mieux la société gauloise, de nombreuses interrogations de­meurent. Et pour connaître un site aussi considérable que le camp d'Artus, il faudra obligatoirement procéder à des fouilles. Presque une urgence quand on sait qu'en plus des ravages des siècles, le site a été très abîmé par la tempête de 1987 durant laquelle les arbres arrachés ont bouleversé le sol. "En fouillant, on pourra savoir quel type de bâtiments se trouvait sur le site et évaluer le nombre d'habitants, ainsi que des renseignements sur la vie quotidienne des Osismes». D'autre part on ne connaît toujours pratiquement rien de l'histoire du camp d'Artus. -On pense que sa construction a eu lieu au début du deuxième siècle avant JC. Ce qui est sûr, c'est qu'il est abandonné après la conquête romaine et la fondation de la ville gallo-romaine de Carhaix» (Voir Poher-Hebdo N°180). Des fouilles archéologiques passionnantes qui permettraient sans aucun doute à Huelgoat de faire valoir son titre de ville la plus ancienne du Finistère et de Basse-Bretagne

Dans la partie la mieux défendue du site, on trouve une importante  motte qui pourrait être la base d'une tour gauloise.  ..

LE POHER HEBDO

Le plus féerique de tous les oppida du la civilisation celtique ,il n'est pas toujours classé aux monuments historiques français,malgré qu'il soit dans le domaine public, vu qu' il est  caché dans une forêt vierge .Des chemins tracés aux bulldozers par l'ONF , les arbres déracinés par la tempête de 1987 et les ravages du temps dus à la force destructrice de le nature font qu'il y'a nécessité urgente d'un classement  des murailles de l'oppidun des Osismes . Si les américains avaient  bombardé ce site comme pour Cézembre  au napalm .On l' aurait vu de loin et il aurait été sûrement classé après?On est des individus qui se dit écolo et aimé la nature, mais qui on se promène dans la forêt, on empreinte que les allés tracées par les bulldozers et au plus près de son automobile .  

Le plan du camp d' Artus de l' ONF de Wheeler

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La vue aérienne du camp d' Artus