Les légendes du Gouffre et du Kastell- gibell.

Kastell-Guibell a-dra-zur A dall Breiz-izel en aour pur.

« kastel-ar-Gibell, c'est certain, vaut toute la Bretagne en or pur. »

 

De toutes les légendes bretonnes, celle de la ville d'Ys est la plus populaire.

Dans la baie de Douarnenez, la cité maudite s'est engloutie jusqu'au jour du Jugement.

Mais en Bretagne l’obsédance des légendes marines vous poursuit à travers les terres. Aussi, au pied de la grande route qui dévale d'Huelgoat vers Carhaix, un gouffre a écarté les rochers moussus. L'eau y mène grand bruit et prend une teinte de sang. C'est là que la tradition commune place l'endroit où Dahud faisait jeter ses amants d'une nuit. Elle avait, dit-on, sur la butte le surplombant, son château, le Kastel-Guibel. Ainsi au matin, il lui était fort simple de les « défenestrer » de belle façon. Et les gens du pays vous diront maintes fois avoir entendu dans le gouffre la plainte des amants.

De vieilles gens, expert en l’ art des konchennou, rapporteront un autre aspect de la légende.

De longs souterrains partaient de la ville d'Ys et débouchaient quelquefois à plus de trente lieues au centre de la Haute Cornouaille. La mer, après avoir submergé la cité de corruption, pénétra dans ces souterrains. L'un d'eux aboutit au gouffre du Huelgoat et le bruit que l'on y entend n'est pas seulement produit par la rivière mais aussi par les vagues qui s'en viennent jusque là. Parfois dans les nuits claires, quand le torrent apaise un peu son vacarme, du gouffre monte une chanson. C'est Dahud ,changée en sirène par Saint Guénolé qui chante :

Dahud, breman Mari-Morgan, E skeud al loar, d'an noz, a gan. -.

-: Dahud, maintenant Marie-Morgane,  Au rayon de la lune, dans la nuit chante

Des gens dignes de foi affirment l'avoir vu dans les temps anciens. Long fantôme blanc, ses cheveux d'or dénoués, elle tend des bras de supplication. Elle voudrait échapper à la mer qui la tient. Mais elle est condamnée à demeurer là jusqu'à ce qu'une fille aussi jolie et aussi mauvaise prenne sa place.

BERNARD DE PARADES

 

Le Kastel-Guibel possède également d'autres légendes :

Les ruines du vieux château de Kastel-Guibel se voyaient encore à la fin du siècle dernier. Elles avaient aussi leurs légendes. Toutes les nuits aux environs de la minuit, une ravissante jeune fille apparaissait sur les créneaux. Des jeunes gens voulurent la délivrer, mais dès qu'ils s'en approchaient, un hideux serpent s'enroulait trois fois autour du cou de la belle princesse. Trois fois l'affreuse bête les menaçait de son venin. Celui qui résistait à ce spectacle sans crier pouvait alors délivrer la jeune vierge et, pour le remercier, elle confiait un trésor valant à lui seul le prix de la Bretagne entière.

Kastell-Guibell a-dra-zur A dall Breiz-izel en aour pur.

« kastel-ar-Gibell, c'est certain, vaut toute la Bretagne en or pur. »

BERNARD DE PARADES

Ce lieu est terrible, car là s'élevait un château formidable et, du haut de ses créneaux. Car Ahès, que d'autres nomment Dahut, la fille maudite du roi Gradlon, faisait précipiter dans le gouffre ses amants épuisés. Parfois, pendant les nuits d'orage, on entend leurs voix qui brament sinistrement et demandent une sépulture en terre bénite.

Gustave  Flaubert Maxime Du Camp(1847)

 

 

Variation sur ce même thème légendaire :

Les gens de l'Arrée expliquent aussi qu'un grand trésor est caché dans les ruines de Kastel-Guibel ; seule une jeune fille de dix-huit ans pourrait le retrouver. De là haut, paraît-il, un souterrain conduit encore au bourg d'Huelgoat. Si l'on en croit une vieille du pays, il serait tout pavé de pièces de cinq francs.

L'un des souterrains de la ville d'Ys aboutit dit-on au gouffre d'Huelgoat et le bruit qu'on y entend n'est pas seulement produit par la rivière mais aussi par les vagues qui s'en viennent jusque là...

BERNARD DE PARADES

  la mare aux fées  (Bran -ruz  Auclair -Deschamps Casterman)                                                        

 

 Derrière chaque arbre, derrière chaque pierre .Sortant du gouffre légendaire, la rivière d'Argent coule au milieu d'innombrables rochers. Ie signet d l' Argoat est un monde de légendes où la croyance fabuleuse reste tapie : «La Mare aux Fées >>

. C'est le lieu de réunion de ces Dames des bois. La reine occupe le plus haut rocher et les petites fées se placent sur les autres pierres. Une fois l'an, la nuit de la Saint Sylvestre, elles tiennent séance plénière et celles qui ont désobéi à la règle des fées sont alors jugées. C'est ainsi qu'une .jeune fée accusée d'avoir parlé aux garçons du pays, fut jetée dans la Mare en punition de ce forfait. La fée est restée au fond de l'eau claire. Mais ceux qui cherchent à l'apercevoir sont irrésistiblement attirés vers la Mare et se noient.

 

Selon les vieilles paysannes de grand savoir, les fées sont des princesses d'autrefois. N'ayant pas voulu de l'eau du baptême, prodiguée par les Saints venant en Bretagne, elles furent frappées jusqu'à la fin des siècles de la malédiction de Dieu. Les érudits celtomanes voient en ces fées le souvenir des druides ses survivant dans la forêt à l'écart du christianisme envahisseur.

la gwrac'h du Huelgoat collection personnelle.

Ar wrac'h , la sorcière du Huelgoat ( le jour une vielle femme hideuse, la nuit une  fée.)

Quoiqu'il en soit, les fées d'Huelgoat sont dans la bonne tradition. Comme toutes leurs sœurs, elles se tiennent au bord de l'eau et se distraient en peignant à longueur de nuit leurs longs cheveux blonds, avec un peigne d'or. Aux heures nocturnes leur beauté est incomparable, mais de jour, ce ne sont que de vieilles femmes aux cheveux d'un blanc sale. Groac'h, boudig (dans les Monts d'Arrez) ou Korrigane, la Basse- Bretagne ne leur concède pas la bonté. Ce sont des jeteuses de sorts, amies des sorcières et de toutes les mystérieuses voleuses de beurre qui sévissent toujours dans la campagne de l'Argoat.

Que se racontent-elles en leur assemblée annuelle ? Ressassent-elles leurs anciens méfaits: des chasseurs ou des bûcherons métamorphosés en arbres des bois, des chevaliers partis à la quête de quelque oiseau merveilleux et changés en pierre par leur pouvoir ? Peut-être en percevrez-vous les propos dans le ruissellement de cette rivière qui est d'Argent... comme la parole

BERNARD DE PARADES

 

La légende de la Ville d'IS au Huelgoat

Les montagnes de l'Arrée formaient autrefois une grande ville dont les murs et les tours se voyaient de toute la Bretagne. C'était une cité de carriers riches d'un travail alors bien payé. Une nuit de Noël qu'ils festoyaient au lieu d'aller à la messe de minuit, les murailles s'écroulèrent, la montagne s'ouvrit, engloutissant tout ce peuple de carriers sans foi. Sur les landes on entend encore parfois de grands coups sourds, comme si des mineurs travaillaient à l'intérieur de la montagne. Ce sont les carriers maudits qui taillent des pierres pour reconstruire leur ville. Jusqu'à la fin des temps, ils peineront en vain. Un bloc à peine équarri retombe aussitôt en poussière. Ils jurent alors si fort que toute la montagne en tremble.

BERNARD DE PARADES

 

LÉGENDAIRE DES MINEURS

SI la rivière du Fao troque son nom à partir du Chaos du Moulin pour celui de Rivière d'Argent, l'origine est à rechercher simplement dans ce plomb argentifère qui s'extrayait encore au siècle dernier à Huelgoat, et à Poullaouen.

Une légende marque le début de cette exploitation. Un soir, un homme» revenait de la forêt. Il longeait le ruisseau, lorsqu'il arriva à un endroit où les femmes lavaient à grands coups de battoirs. C'étaient les lavandières de nuit.

Ken na zeuy kristen salver

 Red e gwelhî linser

Dindan an erh hag an aer

.« Jusqu'à la venue d'un chrétien sauveur, il faut laver notre linceul sous la neige et le vent. »Et les funèbres laveuses de l'entourer. L'homme savait sa dernière heure ; venue, lorsque la plus vieille femme lui dit : « Aide-moi à essorer ce linceul et tu sera riche pour le reste de tes jours ». L'homme savait que quiconque rencontrait !  les lavandières de nuit devait avoir bien soin de tordre le drap dans le même sens  qu'elles. La Groac'h vit bientôt qu'elle avait devant elle un homme averti et ; fidèle à sa parole, lui remplit les poches de pierres brillantes d'argent. Rentré à Huelgoat, l'homme montra sa fortune et les mineurs accoururent.

Depuis cinquante ans, les mines définitivement abandonnées laissent leurs 'bâtiments et leurs puits s'écrouler dans un décor lunaire de scories et de déblais qui n'est pas sans grandeur. Aujourd'hui, des paysans et des journaliers se sont installés dans ces villages nommés la Mine, Poullabas ou la Molette, en souvenir d'une machine qui fit la révolution en son temps.

Seul le lutin légendaire du sous-sol, « le petit mineur », doit encore gîter dans le filon. Les ouvriers de la mine le connaissaient bien : quand il frappait sa manette sur le fleuret, c'était signe de travail fructueux, mais lorsque les mineurs entendaient le bruit de sa hache, c'était l'annonce d'un accident,

BERNARD DE PARADES

    Dans la tradition locale, les derniers mineurs de la mine de Locmaria-Berrien  expliquaient sa fermeture,elle était voulue par ses propriétaires car avec le temps l'argent se transforme en or dans les profondeurs de la Terre ) .(Louis Priser, notre instituteur nous avait conté en classe le témoignage énigmatique du mythe de la Pierre philosophale collecté en temps que journaliste local du Télégramme lors d'un de ses reportages sur le dernier mineur  de Locmaria )

 

•Extrais de la Légende de la Ville d' IS  d'Emile Souvestre  vers 1820

Celle-ci s'élevait a la place même où vous voyez aujourd'hui la baie de Douarnenez. Elle était si grande et si belle que, pour faire l'éloge Je la capitale des gaulois, les hommes de ancien temps n'ont rien trouvé de mieux que de l'appeler Par-is, c'est-à-dire l'égale d'is. Elle était bâtie plus bas que la mer, et défendue par des digues dont on ouvrait les portes à certains moments, pour faire entrer et sortir les flots. La princesse Dahut, fille de Gradlon, portait toujours suspendues au cou les clefs d'argent de ces portes, ce qui fait que le peuple l'appelait la princesse Alc'huèz ou plus brièvement Ahèz. Comme c'était une grande magicienne, elle avait embellit la ville d'ouvrage» que l'on ne peut demander à la main des hommes. Tout les korrigans de Cornouailles et de Vannes étaient venus, sur son ordre, pour construire les digues .et forger les portes qui étaient de fer; ils avaient couvert le palais d'un métal semblable a l'or (car les korrigans sont d'habiles faux monnayeurs) et entourés  les jardins de balustrades qui brillaient comme de l'acier poli. C'étaient eux qui soignaient les écuries de Dahut, pavées de marbre noir, rouge ou blanc, selon la couleur des chevaux, et qui entretenaient le port où l'on nourrissait les dragons marins | car Dahut avait soumis par son art les monstres de la mer et en avait donné un  chaque habitant de Keris, qui s'en servait comme d'un coursier pour aller chercher, au delà des flots, les marchandises rares, ou pour atteindre les vaisseaux des ennemis. Aussi tous ces bourgeois étaient si opulents, qu'il mesuraient le grain avec des hanaps d'argent Dahut donnait  l’exemple; c'était, jour et nuit, fête dans son palais. On voyait arriver, des pays les plus éloignés, des gentilshommes et jusqu'à des princes attirés par la renommée de cette cour. Gradlon les recevait avec amitié, el Dahut encore mieux; car, si c'étaient des jeunes gens de belle apparence, elle leur donna un masque magique avec lequel ,ils pouvaient, dès le soir, la rejoindre secrètement dans une tour bâtie an bord des écluses.« Ils y restaient avec elle jusqu'à l'heure ou les hirondelles de mer  recommençaient à passer devant les fenêtres de la tour; alors la princesse leur disait bien vite Adieu, et, pour qu'ils puissent sortir sans être vus comme ils étalent arrivés, elle leur  remettait le masque enchanté; mais cette fois il se resserrait lui  même les étranglait !. Un homme noir prenait alors le corps mort, le plaçait en travers sur  son cheval , comme un sac de monture et jeter au fond d’un  précipice, entre Huelgoat et Poullaouen. Ceci est bien la vérité, car aujourd'hui même, pendant les nuits sombres, on entend, au fond de la ravine, les plaintes de leurs âmes. Que les Chrétiens pensent a elles dans leurs prières!

Or, un soir qu'il y avait fête chez elle ,on vint lui annoncer un prince puissant, venu des extrémités de la terre pour la voir. C'était un homme de grande taille, tout vêtu de rouge, et si barbu, qu'on apercevait à peine ses deux yeux, qui brillaient comme des étoiles. Il adressa a la princesse un compliment en rimes si bien tourné, qu'aucun batvalen de Cornouailles n' eût pu en inventer de pareil ; puis il se mit à parler avec tant d'esprit, que tout le monde en demeura émerveillé. " Mais ce qui frappa surtout les amis de Dahut, ce fut de voir combien l'étranger était plus habile qu'eux dans le mal. Il savait, non-seulement tout ce que la malice humaine a inventé depuis la création, dans toutes les terres habitées par des êtres parlant, mais tout ce qu'elle inventera Jusqu'au moment où les morts se lèveront de leur tombe pour être jugés ! Allez et les gens de sa cour reconnurent qu'ils avaient trouvé leur maître, et tous résolurent de prendre des leçons du prince barbu.

"Pour commencer, celui-ci leur proposa un branle nouveau, qui n'était autre que le passe-pied dansé en enfer par les sept péchés capitaux. Il fit entrer, pour cela, un sonneur qu'il avait amené avec lui. C'était un petit nain vêtu d'une peau de bouc, et qui portait sous sou bras un biniou dont le chalumeau lui servait de penbaz.

o A peine se fut-il mis à sonner, que Dahut et ses gens furent saisis d'une espèce île frénésie et se mirent à tourner comme des tourbillons de mer. L'inconnu en profila pour enlever à la princesse les clefs d argent des écluses et pour s'échapper de la fête.

" Pendant ce temps, Gradlon était seul dans son palais situé à l'écart; il se tenait dans une grande salle obscure, et il était assis sur l'âtre, près d'un feu éteint. Il sentait la tristesse lui tomber dans le cœur, lorsque tout à coup la porte s'ouvrit des deux cotés, et saint Corentin parut sur le seuil avec un cercle de feu autour du front, la crosse d'évêque  à la main et marchant dans un nuage de parfum.

" -Levez-vous, grand roi, " dit-il à Gradlon prenez ce qui vous reste ici de précieux et fuyez, car Dieu a livré cette ville maudite au démon. "

o Gradlon, effrayé, se leva aussitôt, appela quelques vieux serviteurs, et après  avoir pris son trésor, il monta son cheval noir et partit a la suite du saint qui glissait  dans l'air comme une plume.

" Au moment où ils passaient devant la digue, il entendit un grand mugissement de flots et aperçut l'étranger barbu , qui avait  repris sa forme de démon, occupé à ouvrir toutes les écluses avec les clefs d'argent enlevées à Dahut. La mer descendait déjà sur la ville en cascades, et l'on voyait les flots élever leurs têtes blanches au-dessus des toits, comme s'ils montaient a l'assaut. Le" dragons  enchaînés dans le port mugissaient de terreur, car les animaux aussi sentent la mort venir.

Gradlon voulut jeter un cri d'avertissement ; mais Corentin lui répéta de fuir, et il s' élança au galop vers le rivage. Son cheval traversa ainsi les rues, les places, les carrefours, poursuivi par les flots et toujours les pieds de derrière dans la vague. Il passait devant le palais de Dahut, lorsque celle-ci parut sur le perron, les cheveux épars comme une veuve, et s'élança derrière son père. Le cheval s'arrêta subitement, fléchit, et l'eau monta jusqu'aux genoux du roi.

A moi,saint Corentin ! cria--t-il épouvanté." - Secouez le péché que vous portez derrière vous,  répondit le saint,  et  par le secours de Dieu, vous serez sauvé ! "

" Mais Gradlon qui, malgré tout, était père, ne savait à quoi se résoudre. Alors Corentin toucha avec sa crosse d'évêque l'épaule de la princesse, qui glissa dans la mer et disparut au fond du gouffre-, appelé depuis le gouffre d'Ahèz.

" Le cheval, ainsi délivré de sou fardeau, s'élança en avant et atteignit le rocher de Garrec où l'on voit encore la marque d'un de ses fers.

 Le roi tomba d'abord à genoux pour remercier le ciel, puis se retourna vers Keris, afin de juger le danger auquel il avait miraculeusement échappé; mais il chercha en vain l'ancienne reine des mers. Là où il y avait, quelques instants auparavant, un port, des palais, tant de richesses et de milliers d'hommes, on ne voyait plus qu'une baie profonde qui reflétait les étoiles, tandis qu'à l'horizon, debout sur le dernier débris des digues? submergées, l'homme rouge montrait les clefs d'argent avec un geste de triomphe.

Extrais de la Légende de la Ville d' IS  d' Emile Souvestre  vers 1820

 

Ma soeur m'avait raconté une drôle histoire ,lorsqu'elle a de nos nouveaux invités au Huelgoat.,elle les fait visiter les sites.  Joelle ,une de ses amies une belle blonde Lorraine ,à la Mare qui a encore comme nom les Salles vertes fut sans explication logique comme attirée par les fées des Salles pour se retrouver au milieu la rivière toute dévêtue.

La légende du hok-brasLa légende du géant Hok-bras et de la fée d'Huelgoat